Rom(Deux-Sèvres) avril 1793: 500 paysans mettent le feu à la maison de Theil

Publié le par le Romain

Exposé présenté dans le cadre du groupe"faire l'histoire" le 17 decembre 2008 à l'Université  de Poitiers.


        AVRIL 1 793 : 500 PAYSANS METTENT LE FEU 
                A LA « MAISON DE TEIL » (Rom, Deux-Sèvres)

            Ultime lutte paysanne contre les droits féodaux

 

« Le huit may 1 793 interogatoire des Bergeon père et fils domicilliés en cette commune de Sauvant prévenu detre auteurs de lincendie quy a eu lieu en la maison de Teil... ». La « maison de teil... ». C'est le logis des seigneurs de Teil, les Le Comte. « L'incendie de la maison de Teil »: une révolte paysanne en pleine Révolution.

500 paysans de Rom et Saint-Sauvant aimés de fusils, faux, fourches... - Les quatre procès qui suivent nous apprennent qu'en cette nuit du 24 au 25 avril 1793, 500 paysans de Rom et Saint-Sauvant se sont rassemblés à Teil (commune de Rom, à deux pas de Saint-Sauvant), armés de fusils, de faux, de fourches et de toutes sortes d'outils agricoles. Qu'ils ont brûlé les titres féodaux de cette seigneurie pour mettre fin définitivement aux droits féodaux prélevés par ce seigneur comme par tous les seigneurs. Qu'enfin, le feu fut mis au château.

Des luttes séculaires contre les droits féodaux. - Pourquoi cette révolte paysanne ? Pourquoi à Teil ? Pourquoi cet incendie ? Trois causes immédiates et une plus ancienne : des siècles de féodalité, de soumission paysanne,de redevances multiples sur la terre. Or, un siècle plus tôt, dans les années 1 697- 1 702, déjà le seigneur de Teil de l'époque engageait 22 procès, dont 18 sur Saint-Sauvant et 4 à Rom, Vanzay, Payré, contre  155 paysans réfractaires. Les révoltés de 1793 conservaient dans leur mémoire les souffrances de leurs grands parents, poursuivis en justice, un siècle plus tôt, pour refus des droits féodaux au seigneur de Teil.
 Ils n'étaient pas les seuls engagés dans ce refus, le plus souvent collectif, des rentes nobles ou de la dîme due au clergé. Dans le siècle qui a précédé la Révolution, on compte - en l'état actuel des découvertes en archives - pas moins de 65 procès différents, dont 60 sur Saint-Sauvant, ayant concerné plus de 403 réfractaires. Le rejet des rentes féodales tend à se généraliser.

L'incendie de Teil : d'abord les titres féodaux.- Les révoltés de Teil ont derrière eux les luttes de plusieurs générations contre les droits féodaux et quatre ans d'attente de la suppression de ces mêmes droits par la Révolution. Pas étonnant, dans un tel contexte, qu'ils soient allés à Teil, logis d'une famille de seigneurs qui a fait de nombreux procès à leurs ancêtres, pour, avant tout, défoncer les armoires fermées à clé, en extraire les titres féodaux et les brûler dans la cour du château. Et puis, ils ont mangé et bu ce qu'ils ont trouvé. Et notamment quelques volailles rôties à la broche dans la grande cheminée de la cuisine. Il fallait attiser le feu. Certains souhaitaient mettre le feu au château. Il s'en est trouvé un qui attisa le feu un peu trop, mettant les fagots debout pour que le feu prenne dans la cheminée. De là l'incendie.
 Quatre paysans seront poursuivis et trois condamnés à mort par le tribunal criminel des Deux-Sèvres, les 25 et 26 juillet. Pour « avoir mis le feu à la propriété d ' autrui » .C'est André Duret, laboureur à Balzan (Rom), Daniel

Bergeon père, cardeur, et Daniel Bergeon fils, journalier au Bas- Poneuf (Saint Sauvant). Les trois condamnés présentent une requête devant le tribunal de cassation, qui sera rejetée. Tous les trois seront conduits le 2l septembre sur la place du Champ de Mars à Saint-Maixent, « revêtus d'une chemise rouge pour y avoir la tête tranchée ».

Entre temps, abolition définitive des droits féodaux. André Duret et les deux Bergeon ont été condamnés les 25 et 26 juillet. Quelques jours avant leur condamnation, le 17 juillet, la Convention abolissait définitivement les droits féodaux et ordonnait le brûlement des titres, ce qui fut fait en deux fois, à Lusignan, pour le district, les 10 août et 15 novembre.
 Tout, dans cette folle nuit d'avril 1793, s'identifiait à une révolte de paysans contre les droits féodaux - mais ils n'ont pas su plaider cette cause à leur procès.

Il ne fait aucun doute que l'incendie de la « maison de Teil » a contribué, parmi d'autres flambées paysannes de l'hiver et du printemps 1793, à l'abolition définitive des droits féodaux. L'abolition des droits féodaux, c'est l'une des grandes conquêtes paysannes de la Révolution. 
                                                                       GuyPUAUD
                                                                       12 avenue de la gare
                                                                       86700 Couhé


 

 

Le château  de Theil

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